Comme nous sommes un peu claqués, nous décidons d’aller
manger en ville et d’aller faire quelques commissions, comme dirait l’autre. Je
trouve une NSLC, ce qui signifie en bon latin, la SAQ locale parce que dans les
maritimes, tu ne trouves pas encore la bière dans les épiceries et dépanneurs. J’imagine
qu’on est un peu plus « alco » chez nous que chez eux. Il y a
quelques années encore, c’était comme cela dedans les États-Unis de l’Amérique
mais me semble pouvoir trouver tout cela à l’épicerie quand je vais en Fleuride
maintenant. En mangeant du « homard » au resto avec vue sur le quai,
j’aperçois un bâtiment qui dit : « fret fish » et ça m’interpelle…
En sortant, on décide d’aller y faire un ptit tour, juste
pour voir. Il y a beaucoup d’action sur le quai. On s’approche donc de la
shoppe en question et comme ça semble ouvert, on y entre! Ça sent pas mal le
poisson, c’est bon signe! C’est effectivement un genre de poissonnerie. La lady
à l’entrée me dit de son plus bel accent : Hey, honey! What can we do for
yee? On est un peu loin de la monarchie là! Je m’informe s’il y a homard qui
vive icitte dedans, genre. Elle me regarde comme si j’étais un martien et me
dit que oui. Je lui explique donc que je suis en camping et que je ne suis pas
très bien équipé pour le faire cuire mais que j’adorerais en manger du bon. Le « vrai »
pêcheur s’approche donc et on commence à jaser. Il m’explique en s’excusant un
peu qu’il n’y a plus tellement de grosses bêtes disponibles mais qu’il peut
nous trouver des 1 livre - 1 ½ livres facilement. On convient donc qu’à 17h00
le lendemain, mes trois homards seront cuits et prêts à emporter. Tiens-toi,
mon Lord Camping!
La température n’est pas encore tellement belle et nous
décidons donc d’inverser nos visites du coin et c’est donc pour Louisbourg que
nous décollons au matin suivant avec une incertitude de pluie qui plane sur nos
têtes! Qu’à cela ne tienne, on n’est pas fait en chocolat qu’on se dit. En
arrivant à la forteresse de Louisbourg, il fait pratiquement soleil. C’est le
300e anniversaire de la forteresse et tout le monde est en liesse.
Le site est merveilleux et on assiste même à une punition publique, évidemment
jouée par des artistes, pendant laquelle un manant est accusé d’avoir volé une
bouteille de vin – même pas bonne qu’il prétend - à son Seigneur! Il est
condamné à deux heures d’humiliation publique! Ça m’a fait m’interroger sur
combien de temps certains politiciens devrait être humiliés, mais je n’y ai pas
pensé trop longtemps vu mon état de vacancier. Marilou a répondu à un
questionnaire tout au long du trajet et elle s’est mérité une petite surprise à
la fin. Elle était bien contente! Mais ce n’est pas tout! On a des homards qui
nous attendent à Baddeck en ville, alors on file à leur rencontre. Euh, il n’a
pas mouillé un brin! Même qu’il a fait très beau! On est arrivés à la place il
devait être 16h50… Les homards étaient encore dans la marmite. On a jasé un peu
avec le pêcheur et cuiseur, il a sorti tout cela, l’a emballé, on a payé et
voilà! On ramasse les bêtes et on rentre au campement pour travailler tout
cela. Ils étaient succulents! Des homards cuits dans de l’eau de mer, y a rien
de mieux!
La « Cabot Trail » nous attendait le lendemain…
Dans ce coin de pays, les panneaux routiers sont écrits dans
deux langues : l’anglais et le gaellic. J’imagine que c’est gallois, enfin
bref, c’est un peu bizarre. Le trajet se fait pendant un bon moment dans les
bois mais on peut sentir que nous sommes dans les montagnes. Je dois avouer que
ça prend du temps avant de réaliser pourquoi l’UNESCO a déclaré ce coin comme faisant
partie de ceux les plus beaux au monde! Mais tout à coup, le paysage devient
majestueux, fabuleux, je ne sais plus trop comment le décrire tellement c’est
beau! Je n’avais jamais eu le plaisir de rouler sur des routes qui sont
sinueuses, non pas parce que l’homme n’a pas su contrer les caprices de la
nature mais bien parce que ce serait impossible à monter en ligne droite. Trop
à pic! L’image à laquelle j’avais droit sur le GPS ressemblait vaguement à un barbeau
griffonné par un enfant tellement ça semblait exagéré. J’ai aussi découvert que
ma blonde a un méchant vertige! À un certain moment, elle a agrippé le rebord
du véhicule tellement fort que je croyais que ses doigts entreraient dans le métal,
mais bon! La vue est tout simplement magnifique! Les haltes avec vues se
suivent et ne se ressemblent pas tout le temps, on les a donc tous essayé! Je
vous le dis, ça vaut le détour!
En redescendant tranquillement pour terminer la route, il y
a une partie du secteur qui est acadien et ça parle aussi avec un drôle d’accent
mais en français. Du gaélique à l’acadjien dans la même journée, faut le faire!
On s’est aussi trouvé du crabe des neiges pour se faire un souper plus tard. Ce
n’est pas mauvais ça non plus! Grosse journée sur la route…
Comme le lendemain s’alignait aussi pour être une grosse
journée de voyage, on a pré-paqueté ce que l’on pouvait et tenté de se coucher
un peu plus tôt.
Marilou nous a aussi fait une petite frousse
mais heureusement que nous avons réussi à rejoindre mononcle René qui savait
quoi faire et a tout réglé à distance. Merci encore René! Prochaine étape : Édouard et son Ile!
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