Comme on se promène d’un terrain de camping à un autre
durant l’été, Chantal m’a fait penser que je devrais en faire une chronique. Je
dois d’abord préciser que, pour ma part, je suis un « habitant » de
la région de Montréal depuis le début de l’an de Grace 1987. Un gars de la
ville donc. Faudrait surtout pas que les gens sachent que dans le fond, avant
1987, j’habitais la bonne vieille campoune, le plus gros village avant la
métropole ayant été Québec, pour ne pas dire Neufchâtel, mais au Québec!
Deuxième détail à ne pas négliger, je rédige ce texte à
partir d’un très mini iPad dans la noirceur, communément appelé, « black
nun »! Il arrive donc qu’un de mes deux index – outil plus que nécessaire
au bon travail d’un blogueur dans le noir – s’enfarge dans son homologue...
Mais bon!
…à Rawdon
Comme première destination estivale cette année et question
de se faire la main, nous avions fixé, Chantal et moi, comme point de départ,
la merveilleuse cité de Rawdon, non loin de Montréal. Notre premier défi du
jour a été de monter le campement – une première depuis 2013. Faut savoir que
pour ma mémoire, le fait de reculer d’une année est déjà un très bon exercice.
Sachez que nous y sommes arrivés. Il fallait aussi faire une épicerie comme
qu’on dit mais il y a d’abord eu la traditionnelle pause… Miller pour moi qui
n’a pas full classe et je crois que ma blonde a savouré une
« Matante » avant de se taper l’IGA local. La bière était vraiment
bonne! Tsé, comme dans l’expression, une bonne frette. On le méritait bien.
Des fois on parle de faune urbaine pour décrire des
situations de la vie en ville mais je me dois de vous faire remarquer quelques
situations qui font que j’utiliserai dorénavant l’expression « faune du
camping » parce que je dois l’admettre, c’est un environnement en soi
ainsi qu’un mode de vie que de faire du camping! Pour nous, les itinérants,
c’est plutôt comique que d’observer les saisonniers agir dans leur
environnement. OK, première spécification pour les non-initiés : les
itinérants ne sont pas nécessairement des SDF – sans domicile fixe – comme en
ville, mais plutôt des visiteurs qui se promènent d’un camping à un autre
contrairement aux saisonniers qui sont « parqués » à la même place
toute l’été.
Les voisins d’en face
Des saisonniers évidemment, mais fallait que je vous en
parle un peu. Le simple fait que je vous dise que nos voisins étaient des
saisonniers est un peu perturbant. D’habitude dans les campings, ça marche un
par ghetto. Pas comme si on disait les campeurs verts foncés d’un bord et les
verts pâles de l’autre mais plutôt les « ceuzes » qui passent dans un
coin et les sédentaires de l’autre. Donc, deux médames, des voisines depuis au
moins avril probablement. Des enfants qui gazouillent, qui s’amusent, qui
braillent un peu à l’occasion, tout ce qu’il y a de plus normal. Pas de papas
alentour, probablement parce que c’est un peu vendredi et qu’ils sont peut-être
encore au travail. Peut-être… Toujours est-il que Marilou prend les devants
comme d’hab et qu’après environ 10 minutes, elle les connait déjà tous et
toutes, elle a déjà full d’amis. Un coup que le campement est presque terminé,
j’en profite pour aller les saluer, faire connaissance un peu. La première
maman s’appelle Pierrette! Non mais… pas d’offense à ma matante à moi qui se
prénomme comme cette dernière mais ma voisine semble pas mal plus jeune que
moi! Je ne réagis pas trop, enfin je l’espère. Elle me présente sa consœur qui
se prénomme pour sa part Marie-Amour – j’espère ne pas faire de fautes en
l’écrivant – ça se corse, je crois. Les enfants s’appellent Alicia, Fay –
celui-ci je le sais parce que Marilou n’a pas résisté à demander si c’était
comme une fée – et Lou, celui-ci, je ne saurais dire si c’est bien écrit par
contre. Le chien se prénomme Odi, mais comme on dit, Who cares! En savourant
notre cerveza, Chantal et moi en sommes venus à la conclusion qu’elles
faisaient peut-être partie d’une secte et qu’elles s’étaient peut-être aussi
évadées… on ne le sait pas, mais de toute façon! Elles étaient quand même
sympathiques pour des pseudos-sectaires.
Nos autres voisins, arrivés pas mal après nous autres ont
peut-être aussi des prénoms, mais je n’ai pas demandé. C’était des itinérants…
comme nous. Lui a tenté de se rendre intéressant en visant mon drapeau belge
sur mon véhicule et en me disant : Vous êtes un partisan des allemands?
Non, que je lui ai répondu en m’inclinant sur le côté pour lui faire signe que
les mêmes couleurs sont effectivement sur les deux drapeaux mais pas dans le
même sens. Il n’a évidemment pas compris le geste que j’ai donc appuyé par la
parole en mentionnant la Belgique au passage. Ah oui! Qu’il a dit en feignant
de le savoir, mais bon. J’en ai profité pour m’informer de sa partisannerie vu
l’accent particulier de sa conjointe. Il m’a dit prendre pour l’Allemagne,
oups! Moi, je connais mon drapeau au moins que je me suis vanté dedans mon Ford
intérieur! Il provenait donc du Mali – dont je ne pourrais absolument pas
commenter les couleurs du drapeau – et elle de la République tchèque qui a
aussi son drapeau depuis quelques années mais vu la session du pays précédent
et dont j’ai été témoin dans ma courte vie, je dirais que son drapeau est plus
jeune que l’autre sans toujours savoir sa couleur. Faudra que je demande à
Plekanek quand je le verrai la prochaine fois.
La vague
Un autre phénomène intéressant est celui de la population
canine de la place. La plupart des campeurs saisonniers ont au moins un chien
dans la cour. Un chien de garde de quelques livres pour la plupart, mais un
chien qui se prend pour un chien de garde et le laisse savoir à quiconque passe
au loin, au proche, et ce, incluant les passagers de race canine qui doivent
passer régulièrement pour assouvir différents besoins. Nous avons donc baptisé
ce phénomène de « Vague des chiens ». Un chien en laisse passe et
devant chaque emplacement où il y a un autre chien qui est attaché là, les
jappements démarrent instantanément pour s’estomper dix-quinze pieds plus tard…
pour recommencer par un autre protagoniste au terrain suivant. Ça doit être
assez éreintant pour le chien qui passe parce qu’il doit répondre à celui dans
la minuscule cour en face de lui sans cesse, mais ça doit être un peu cela la
vie de chien en camping, j’imagine!
Un traditionnel
Nous avons donc entrepris les démarches du souper parce que,
connaissant mon estomac, qui est presque aussi légendaire que ma mémoire, pas
en terme de souvenirs mais plutôt de fond, inexistant, le souper s’avère une
activité très importante dans notre vie. Faut dire que la 10 ans, très très
bientôt 11, commence aussi à être très active dans ce domaine. Comme nous en
étions au premier de la saison, quoi de mieux qu’un classique! Je me souviens –
quel euphémisme – de la première fois qu’on s’était fait cela. Un peu par
dépit, surtout une question d’utilité du genre mal pris et comme ça trainait
dans le bac de cuisine, la bouette s’était retrouvée dans nos assiettes. Ça
s’appelle du « Hamburger helper ». Ça n’a absolument rien avoir avec
un burger mais comme c’est assez simple à préparer, très nutritif et finalement
pas trop mauvais, on l’a rapidement adopté. Surtout que Marilou en avait
redemandé! Ben oui, du Hamburger helper. Voilà, je me suis confessé, j’ai fait
mon « coming out ». Je suis un adepte du Hamburger helper en camping!
Tournée de voisins
Ici, contrairement à plusieurs autres sites, je n’ai pas vu
de kart électrique de golf se promenant un peu partout. Les saisonniers le font
plutôt en véhicule. Une fois de temps en temps, une auto passe, ralentit devant
un campement, s’arrête – pas toujours en éteignant le moteur et le ou la
conducteur (trice) jase avec le locataire du terrain de sujets importants comme
la météo, la partie de poche à venir ou du voisin absent. Les choses
importantes, quoi! Une fois ou deux, j’ai failli faire comme j’avais fait une
fois en ville avec un gars du câble qui était assis dans camion. Je lui avais
fait pensé de couper le moteur ce sur quoi il était resté coi mais avait quand
même obtempéré. Ici, avant de le faire, je me suis demandé comment je serais
accueilli en tant que simple itinérant et je me suis aussi demandé si le
concept de la couche de l’ozone trouée en partie provoquait certains remous
dans le coin de Rawdon. J’ai pris une autre gorgée et l’idée a passé. Le
véhicule est aussi tranquillement reparti… pour le prochain terrain!
Ailleurs sur la
planète
Il y a une expression qui dit : On peut sortir un
gaspésien de la Gaspésie mais on ne sort jamais la Gaspésie d’un gaspésien –
toute combinaison de région avec un de ses habitants peut aussi se faire. Pour
prouver mon point, durant notre séjour, nous sommes retournés à Montréal le
samedi soir pour que la 10 ans puisse assister, en compagnie de sa mère, au
spectacle Mix 4, ou MixMania 4, ou je ne sais plus exactement combien ou
comment. J’ai donc profité de la situation pour aller me parquer dans un
Starbucks pour déguster un latte ou deux en me branchant sur les internets pour
constater si la terre s’était arrêtée de tourner et vérifier si Canadiens avait
signé Subban! Bref, les choses importantes de la vie. Raonic est mourut en
demi-finale contre Federer, Genie s’est inclinée pour sa part en finale et
Pospisil, un autre canayen a vaincu en double avec un autre bonhomme dont je ne
sais même plus le nom. Tout cela au All England Club lors de Wimbledon. Bravo à
nos canadiens, genre! Mes belges se sont pour leur part inclinés au Mondial –
faut que je me trouve une autre équipe… Les Pays-Bas ou bedon l’Argentine?
Peut-être l’Allemagne? Bof! Que de questionnements! Ah oui! Subban n’a pas
encore signé et s’en va en arbitrage. Non mais… parler de hockey en juillet,
sur quel planète vit-on? Je pense qu’elle tourne encore, finalement. Au fait,
les filles ont adoré leur expérience de show d’ado! Elles étaient toutes
excitées en rentrant dans le véhicule. Je pense qu’elles ont bien aimé! Nous
avons donc filé vers Rawdon pour ainsi rentrer sur le site avant 23:00, heure
du couvre-feu! On aurait pu prendre notre temps parce que le party était pas
mal pogné lors de notre arrivée.
Entendus sur place
En marchant dans le camping…
Moi : As-tu vu les deux médames assises sur la
bélançoire?
Marilou : Je sais, je suis passé il y a une demi-heure
et ils n’ont pas changé de position.
En se préparant à faire la vaisselle en équipe…
Marilou : C’est quoi ces taches-là dans le bac à
vaisselle, papa?
Moi : Ça doit être des restants de sable rouge de
l’Île-du-Prince-Édouard.
Marilou : Ah ok! Qu’est-ce que je fais avec?
Moi : Frottes un peu, ça devrait partir.
En « chillant » tranquillement, assis dans le
gazebo…
Moi : Chantal, je vis une grosse angoisse présentement.
Chantal : Quoi donc,
me dit-elle, sans même lever les yeux de sa lecture.
Moi : Y a une Miller qui me regarde d’un drôle d’air et
je ne peux même pas l’ouvrir. Depuis tantôt que je fouille dans ma poche et je
ne trouve plus mon « opener », c’est l'angoisse, je te dis.
Chantal : Essaies donc l’autre poche!
Moi : Fiou! Tu m’as sauvé, merci!
En faisant l’épicerie, dans l’allée des produits laitiers…
Moi : Quelle sorte devrais-je prendre?
Chantal : Quelle sorte de quoi?
Moi : Ben, de cigarettes, c’t’affaire!
Chantal : …
Moi : Si je veux me fondre dans la masse de campeurs
saisonniers, faudrait que je commence à fumer.
Chantal : Toujours pas de réponse, en prenant le lait
et en le mettant dans le panier.
Je n’ai toujours pas commencé à fumer, je ne sais pas quelle
marque essayer. J
Je vais tenter de documenter nos prochaines visites, car il
y en aura définitivement d’autres, je le sens! C’est peut-être l’odeur du feu
de bois, si douce à mes oreilles – je veux dire à mes narines mais me semble
que ça sonnait mieux avec des oreilles qu’avec des narines – qui me fait sentir
des choses dedans le futur de même! En parlant de narines, moi et mon Alzheimer
– comment ça s’écrit donc, je ne me souviens plus – on a demandé à Marilou à un
moment donné : « Marilou, passes-moi ta … narine! Pauvre enfant, je
pensais à napkins et ça a sorti narine. Elle s’en vient bonne pourtant en
traduction de mots perdus, mais elle n’a pas encore toute les réponses.
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